Test Sherlock Holmes : The Devil’'s Daughter

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PS4

Pour son huitième jeu estampillé Sherlock Holmes, le studio Frogwares n’est plus partenaire de Focus Home Interactive – son éditeur historique – mais est désormais main dans la main avec Bigben Interactive, surtout connu pour ses accessoires de coût et de qualité variables. Le lien entre le détective anglais et un éditeur qui a pour nom le plus célèbre monument de Londres paraît finalement assez logique. Ce changement de financier n’a cependant que peu d’impact sur le gameplay, ce dernier restant très proche du dernier volet avec juste un goût plus prononcé pour la liberté et la diversité. Explications.

Mr. Holmes

Comme son nom et les différents trailers le prouvent, Sherlock Holmes : The Devil's Daughter est sans nul doute l'aventure la plus fantastique du maître détective, au sens propre du terme. En effet, l'homme à la casquette double sera cette fois confronté à des puissances occultes à travers cinq enquêtes différentes ayant un lien scénaristique entre elles. Cette fois-ci le scénario s'étale sur toutes les investigations jusqu'à la révélation finale, ce qui tient davantage en haleine que lorsque les affaires s'enchaînent sans raison apparente à l'image du dernier Crimes & Châtiments. L'histoire commence alors que le jeune Tom Hurst vient mendier l'aide de Sherlock pour retrouver son père George disparu depuis plusieurs jours à la suite d'un « travail spécial ». Las d'être oisif, Holmes saute sur l'occasion de briser le cercle infernal de l'ennui pour mener l'enquête à travers les rues sordides de Whitechapel.

Quelques minutes suffisent pour se confronter à l'une des nouveautés de ce huitième opus : une plus grande liberté de mouvements. Profitant de la puissance des machines actuelles (le jeu ne sort pas sur PS3 et Xbox 360), le studio Frogwares est allé jusqu'à modéliser des quartiers entiers de Londres dans lesquels le joueur pourra flâner librement avant de se rendre à une adresse précise ou sur une scène de crime. L'exploration de Baker Street permet de s'adonner à quelques mini-jeux disséminés ici ou là comme le tir sur cible, le bras de fer, l'équilibriste sur une poutre ou la boxe anglaise. Le quartier de Whitechapel suinte la pauvreté et l'insécurité à chaque coin de rue. La sensation de liberté et l'immersion sont ainsi renforcés même si le frame rate à l'extérieur est inconstant et que les dialogues des civils tournent en boucle et repartent à zéro à chaque fois que l'on repasse près d'eux. La capitale n'est pas totalement ouverte pour autant et un voyage en calèche reste la seule solution pour se rendre d'un quartier à l'autre, au prix d'un chargement un poil longuet.


L'autre trouvaille de cette suite est d'avoir su insuffler plus de variété dans les phases de gameplay au point de nous faire changer de protagoniste le temps de scènes précises. Outre Sherlock et son acolyte Watson, l'orphelin Wiggins sera, par exemple, jouable durant une séquence de filature s'étalant jusque sur les toits de la ville. Assassin's Creed n'est pas loin. On pourra même incarner le chien du détective pour profiter de son flaire légendaire à un moment donné. Le jeu multiplie aussi les expériences et du classique interrogatoire on passe rapidement à des phases d'infiltration, de crochetage de serrure, de poursuite, de bagarre, d'écoute discrète de conversations, d'analyse scientifique de preuves, de recherche dans des archives, d'étude de cartes, de bidouillage de coffre-fort ou encore de changement d'identité en se déguisant / grimant le visage. Tout est bon pour varier les plaisirs et éviter la redondance propre au genre (le syndrome L.A Noire). Durant chaque enquête on ne fait pratiquement jamais deux fois la même chose, excepté pour les phases incontournables de dialogues et de recherches, le cœur du jeu.

Solides fondations

Ces différentes soupapes récréatives mises à part, The Devil's Daughter est construit sur de solides bases de gameplay héritées du précédent opus. On retrouve ainsi le système d'observation des interlocuteurs en décortiquant précisément des zones de leurs corps (vêtements, bijoux, yeux, peau, blessures….) pour en apprendre plus sur eux à leur insu. Autant d'éléments qui serviront à étayer nos arguments pendant un interrogatoire, au même titre que les autres preuves récupérées dans les décors. Le talent de vision de l'enquêteur (bouton R1) est toujours présent pour faire apparaître à l'écran des choses invisibles telles que des objets disparus sur les scènes de crime ou des empreintes digitales, tout comme l'utilisation de son imagination fertile (bouton L1) pour reconstituer des événements passés. A ces aides s'ajoutent des antisèches supplémentaires en pressant simultanément les boutons L3 et R3 et pour la première fois le niveau de difficulté a été rehaussé avec l'apparition d'un mode difficile sélectionnable dans les options pour ceux qui veulent se creuser un peu plus les méninges.

Toutes les tâches, cartes, preuves, documents, dialogues, échos et portraits sont soigneusement répertoriés dans le carnet de notes de notre héros pour ne pas en perdre une miette et raccrocher les wagons entre deux parties. A mesure de la progression dans une enquête, les preuves doivent être recoupées entre elles via un fil de déduction neuronal. Certaines interprétations de preuves amènent à des déductions différentes (au joueur de choisir), parfois contradictoires, et à des coupables différents. Chaque enquête débouche ainsi sur plusieurs fins, selon le coupable désigné et le fait de le remettre à la justice ou de se faire justice soi-même. Un bon point pour la rejouabilité et pour la durée de vie qui assure déjà une bonne douzaine d'heures sans forcer. Un laps de temps pendant lequel nos yeux seront soignés à l'Unreal Engine 3, le même moteur que le précédent volet, qui commence à sentir l'obsolescence depuis la sortie de la quatrième version. La différence graphique avec Crimes & Châtiments n'est pas folle malgré l'amélioration de certaines textures et effets de lumière dont on peut profiter en vue intérieure (bouton Rond). L'ambiance sonore est plutôt bonne avec des doublages français bien joués et des musiques d'ambiance discrètes qui n'interviennent qu'à certains moments clés. La mise en scène a gagné en dynamisme avec certaines cut-scenes tournées vers une action très cinématographique. Une orientation plus spectaculaire assumée par The Devil's Daughter et qui n'est pas pour nous déplaire.

Notre verdict

On aime

  • Des phases de gameplay variées
  • Une plus grande liberté de mouvements
  • Des doublages français
  • Cinq enquêtes prenantes
  • Une bonne durée de vie
  • Plusieurs fins par enquêtes

On n'aime pas

  • Les chargements longuets
  • Le frame rate inconstant en extérieur
  • Les dialogues des PNJ en boucle
  • Encore l’Unreal Engine 3

Reprenant les solides bases apportées par Crimes & Châtiments, ce Devil's Daughter approfondit le gameplay de la série Sherlock Holmes en offrant de plus vastes environnements à explorer et des actions encore plus variées faisant intervenir de nouveaux personnages jouables. Il en résulte un jeu d'enquêtes policières à la limite des genres par moment mais toujours très intéressant à suivre sur cinq enquêtes aux dénouements variables selon les déductions qui précèdent. Assez long, correctement doublé et pas désagréable à l’œil malgré un moteur vieillissant, ce nouveau Frogwares devrait combler les fans de la première heure et ceux qui sont restés sur leur faim devant Agatha Christie : The A.B.C Murder, un peu trop court et facile.

Note finale : 7.5 / 10
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