Test Homefront : The Revolution

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PS4

Martyrisé par une partie de la presse lors de sa sortie, le premier Homefront était une  tentative de copie de la série Call of Duty qui n'a laissé que peu de souvenirs à ceux qui l'ont parcouru. Une introduction marquante dans un bus, un passage dans un charnier et un assaut final héroïque sont les seuls moments de bravoure à sauver de cette production globalement décevante. Étonnamment les résultats financiers furent suffisamment bons pour encourager THQ – son éditeur de l'époque – à lancer le développement d'une suite chez Crytek UK. Une faillite plus tard, le projet est repris par Dambuster Studios sous la houlette de Deep Silver : un développement chaotique et de longue haleine qui a laissé des marques sur le produit final.

« Ceci est une révolution »

L'histoire d'Homefront : The Revolution prend place en 2029 dans un futur dystopique où la Corée du Nord a envahi les États-Unis par l'intermédiaire de sa technologie de pointe. A la manière d'un Apple, la société coréenne Apex a glissé dans les mains du monde ses téléphones et ses tablettes avant de passer à un produit tout aussi lucratif : l'armement. En quelques années l'Apex est devenue le premier fournisseur d'armes de la défense américaine, faisant peser sur le pays une importante facture. N'ayant pas les moyens d'honorer sa dette auprès du coréen pour cause de crise financière, la firme désactive toute l'armée étasunienne et occupe progressivement le pays en guise de sanction. En un rien de temps voilà que la population est réduite en quasi-esclavage et doit filer droit devant l'envahisseur nord-coréen. Une poche de résistance commence à se former puis à grandir avec à sa tête un leader charismatique : Benjamin Walker. Vous êtes Ethan Brady, une nouvelle recrue déterminée à faire ses preuves et à mériter sa place dans la révolution.


Abandonnant la structure par niveaux du premier épisode, Homefront : The Revolution est un jeu d'action en vue intérieure et en monde ouvert se déroulant dans la ville de Philadelphie tenue d'une main de fer par l'occupant. Notre bleu doit servir de larbin à ses supérieurs hiérarchiques et se salir les mains en remplissant tout un tas de missions pour le compte de la résistance. Le jeu lorgne dorénavant du côté de la série Far Cry qui semble être clairement sa première source d'inspiration. Du hit d'Ubisoft on retrouve le système de carte qui se détaille progressivement en piratant des émetteurs, les planques où voyager rapidement, le pillage de ressources pour fabriquer des bombes artisanales ou les revendre en magasin, le recrutement de PNJ pour mener des assauts, la mini-carte en bas à droite, la barre de vie qui se recharge par injection de sérum, des missions secondaires ou d'opportunité (libérer des prisonniers, sauver des civils...) et le pilotage de véhicules (une moto) pour gagner du temps lors des déplacements.

Les quartiers sont divisés en zones de contrôle : les zones vertes sont libérées, les zones jaunes sont surveillées par l'armée et les zones rouges sont interdites aux civils. L'infiltration est privilégiée dans ces dernières puisque les soldats tirent à vue et les drones survolent les  moindres recoins à la recherche de désobéissants. Pour reprendre le contrôle des zones jaunes, Ethan a besoin du soulèvement de la populace et doit pour cela faire grimper une jauge d'engouement en sabotant des machines, en rétablissant des communications radio, en assassinant des gradés ou en libérant des otages. Un peu à la manière des affiches de propagande de Pagan Min à arracher et de ses messages radio qu'il fallait faire taire pour limiter son influence, mais en plus laborieux. Quand il faut prendre les armes par contre notre gars est vite débordé puisque les ennemis sont toujours plus nombreux, mieux armés et que les renforts arrivent par dirigeables ou camions blindés. Mieux vaut se planquer en cas d'alerte, le temps de souffler un peu et surtout de se soigner manuellement. Comme la barre de vie se vide en une rafale, économiser des dollars pour acheter des équipements type gilet pare-balle en plus d'accessoires et de matériel n'est pas une mauvaise idée.

Le jeu pompe aussi à Crysis la personnalisation de ses armes qui se présente à nous avec une touche dédiée à chaque partie de l'engin. En pressant le bouton Haut de la croix directionnelle on peut placer en temps réel de nouvelles pièces sur les différents morceaux de ses armes. L'upgrade est importante et pratique puisqu'un petit 9mm se bidouille en mitrailleuse en trois manipulations et un fusil d’assaut en sniper en aussi peu de temps. L'argent est clairement le nerf de la guerre, à croire que les américains n'ont rien retenu de leur débâcle capitaliste qui les a menés où ils en sont. Quelle ironie aussi de voir notre gars utiliser son aPhone coréen pour consulter le journal de mission, la carte, ses messages, son transpondeur et pour prendre des photos !

Toute résistance est inutile

Sur le papier Homefront : The Revolution avait quelques arguments pour offrir un agréable moment aux joueurs en manque de monde ouvert avec son ambiance de fin du monde et son histoire correctement doublée en français. Dans les faits nous sommes loin du plaisir et de l'amusement que peut nous offrir un bon épisode de Far Cry, pour ne citer que lui. Le scénario est d'une platitude étonnante suscitant au mieux le désintérêt pour la cause au pire un total ennui durant la dizaine d'heures nécessaire pour le boucler. Les missions – principales et secondaires - sont classiques, sans la moindre originalité, et sont incapables de faire monter l'ambiance, le frisson ou l'adrénaline. Le level design urbain, labyrinthique et peu inspiré, plein d'obstacles et de portes fermées est un non-sens pour un titre qui prône la liberté. Prendre la moto est inutile et le manque de verticalité nuit au plaisir de la découverte. Les astuces d'exploration présentes dans un titre comme Dying Light devraient servir d'exemple aux productions futures. Il n'en est rien dans ce titre où chaque aller-retour tend vers le calvaire.


Graphiquement la ville de Philadelphie est une horreur à regarder : grise, triste, en ruines et souvent sous la pluie, elle donne plus envie de la fuir que de la sauver. Le jeu n'est pas beau à proprement parler, le CryEngine est en petite forme et malgré des modélisations de visages correctes et des flammes honnêtes nous avons plus l'impression d'être sur PS3 que sur la nouvelle génération. Surtout, le jeu souffre d'une absence d'optimisation flagrante (même avec le dernier patch) et collectionne tous les maux possibles pour un jeu vidéo : ralentissements fréquents, saccades, freezes de trois – quatre secondes lors des sauvegardes automatiques et bugs en tous genres, qu'ils soient sonores (des doublages qui repassent en anglais !), visuels, d'intelligence artificielle ou de gameplay (des objectifs qui ne se débloquent pas). Le développement à quatre mains et l'absence de finition vont coûter cher au studio.

Un chouia moins mauvais que le solo, le mode coopératif baptisé Résistance (il fallait l’inventer) permet de rassembler jusqu’à quatre rebelles pour mener des missions de destruction, de sabotage et d’exécution. Le fait d’y jouer à plusieurs rend les parties moins ennuyeuses et un système de points d'expérience (absent de la campagne) permet de personnaliser son avatar en augmentant son intelligence, sa force musculaire, ses capacités de survivant ou de combattant. Autant d'aptitudes auxquelles est prédisposé notre personnage dès sa création. En plus de choisir son sexe et son visage nous devons lui trouver un métier parmi un large panel, en sachant que ce dernier le spécialisera (un peu) dans un champ de compétence. Un mécanicien sera par exemple plus habile de ses mains qu'un pharmacien. Pour le reste, l'expérience et le ressenti manette en main sont proches du jeu solo avec toujours une dépendance à l'argent pour acheter du matériel, des armes et des accessoires. C'est un peu mieux mais n'allez pas acheter le jeu juste pour le multijoueurs non plus.

Notre verdict

On aime

  • De bons doublages français
  • Les modifications des armes
  • Les compétences en multijoueurs

On n'aime pas

  • Bugs, freezes et ralentissements
  • Chargements longuets
  • Level design liberticide
  • Répétitif et ennuyeux
  • Une tristesse graphique

Après un si long développement et une sortie en fanfare soutenue par une édition collector coûteuse, Homefront : The Revolution est une déception qui dépasse nos prévisions. Empruntant sans vergogne le gameplay d'un Far Cry en lui retirant au passage son cadre naturel dépaysant, sa liberté de mouvements, sa technique solide et son fun, le jeu de Dambuster Studios n'offre qu'une traversée ennuyeuse d'une Philadelphie repoussante. Techniquement boiteuse, l'expérience à peine rehaussée par le multijoueurs ferait passer le premier volet pour un chef d’œuvre du genre. Parfois, mieux vaut capituler que résister.

Note finale : 4.5 / 10
Les commentaires
Le
Ce test :mdr:
ok c'est clair qu'on le prendra pas :D
Le
Pouet a écrit :Ce test :mdr:
ok c'est clair qu'on le prendra pas :D
Faut voir :mdr:

J'attends une baisse à 30 euros ou en dessous, qqchose me dit que ça devrait être assez rapide :mdr:

Le plus désagréable étant ce foutu framerate qui doit être le plus souvent entre 20 et 25 fps :twisted: Peut être que nous aurons le droit à quelques patchs salvateurs :mrgreen: , mais si ça doit rester tel que, je passerai mon chemin, même à 30 euros.
Le
J'avais acheté le premier lors d'un déstockage Auchan à 5 euros. Faut attendre la même chose sur celui-là. Franchement je me suis bien ennuyé dessus. :/

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