Test Layers of Fear
Les amateurs de jeux d'horreur peuvent se réjouir, le genre a le vent en poupe sur PlayStation 4 avec notamment des petites pépites venues tout droit de la scène indépendante comme ce surprenant Layers of Fear. Disponible depuis le 16 février sur le PlayStation Store au prix de 19,99€, le jeu de Bloober Team est enfin passé entre nos doigts et nous a bien fait flipper. L'expérience reposant énormément sur la découverte, nous ferons volontairement l'impasse sur de nombreux détails dans ce test pour vous éviter le moindre spoiler.
L’antre de la folie
Layers of Fear est un jeu d'horreur en vue intérieure demandant d'explorer un immense manoir de l'ère victorienne aux commandes d'un peintre en pleine dépression. A la manière d'un Gone Home, le titre démarre sur le pas de la porte d'entrée une nuit d'orag,e plaçant ainsi le joueur dans la position d'un invité qui découvrirait la demeure pour la première fois alors que le héros est censé être chez lui. Les premiers déplacements sont libres, vous pouvez commencer votre visite par la cave, le rez-de-chaussée ou l'étage. Les développeurs balisent néanmoins votre exploration en verrouillant des portes, vous obligeant de cette façon à chercher des clés pour progresser. Le scénario se diffuse lentement, à mesure que vous tombez sur des coupures de presse, des documents, des lettres manuscrites et des objets du quotidien qui déclenchent une réflexion personnelle du protagoniste en voix-off. Les lectures sont donc nombreuses, tout comme les objets à observer sous toutes les coutures, pour comprendre le déclin de notre artiste et en apprendre plus sur son passé tourmenté. Les textes et les sous-titres sont en français pour une parfaite compréhension.
Plus on passe de temps à arpenter les couloirs du manoir et plus la frontière avec le réel semble s’amincir. Des événements inattendus nous surprennent, l'architecture du bâtiment nous joue des tours, et on ne peut même plus se fier à nos sens. Les portraits sur toiles, inspirés d’œuvres du XIXème siècle, ont l'air de nous suivre du regard et on frémit à l'ouverture de chaque porte par peur de ce qu'on pourrait trouver derrière. C'est typiquement le genre de titre où nous ne sommes pas mécontents de tomber sur des portes verrouillées ou des culs-de-sac pour autant de (mauvaises) surprises évitées. Même se retourner est parfois source d'angoisse. L'atmosphère particulièrement travaillée est flippante à souhait et, en y jouant dans des conditions idéales (en pleine nuit avec un casque branché sur la DualShock 4), il est impossible de ne pas appréhender ou sursauter à certains moments. Le jeu n'abuse pourtant pas des « jumpscares », aussi faciles que gratuits, à base d'apparitions spectrales soudaines en plein écran comme sur ces vidéos qui polluent le net. Tout est une question d'ambiance subtilement tendue, d'observation et d'écoute. Mention spéciale aux musiques dignes de vieux films de maisons hantées (avec des voix féminines lugubres) et aux bruitages inquiétants.
50 nuances de peur
Nous aurions pu craindre que le cadre du jeu (un vieux manoir) soit synonyme d'allers-retours redondants à la Resident Evil mais il n'en est rien puisqu'une pirouette tant scénaristique que visuelle parvient à varier les décors pour mieux nous surprendre. Les ouvertures de portes, de tiroirs, de placards se font à l'aide du stick analogique après avoir virtuellement saisi la poignée à l'aide du bouton R2 comme dans le récent SOMA. La maniabilité est de ce fait facilement assimilable avec seulement trois touches sollicitées en dehors des sticks - R2 pour saisir, L2 pour trottiner et R3 pour effectuer un zoom de caméra – même si certaines ouvertures ne sont pas totalement intuitives. La réalisation graphique est de bonne facture et le style gothique colle parfaitement au propos sans être aussi tape-à-l’œil que d'autres jeux d'exploration passifs à la Vanishing of Ethan Carter ou Everybody's Gone to The Rapture. Un certain manque d'optimisation se fait même sentir dans les salles les plus chargées d'objets (cuisine, salle à manger) avec de sévères chutes de frame-rate quand on oriente brusquement la caméra. Rien qui puisse rendre l'expérience injouable, mais on sait que la console peut normalement afficher ces pièces sans problème (peut-être après un futur patch).
L'histoire, racontée par le gameplay, est intrigante et trotte encore dans la tête une fois arrivée au dénouement. Dommage que cette conclusion tombe après seulement trois à quatre heures de jeu car nous n'aurions pas été contre quelques salles de plus, surtout pour un prix affiché de 19,99€. Ceci dit, il s'agit peut-être de la durée de vie optimale pour ne pas voir les mécanismes se répéter trop souvent au point de lasser ou de faire retomber la pression par accoutumance. Un prix inférieur de 5€ (de 25 % tout de même) aurait sans doute aidé à faire passer l'addition même s'il est toujours préférable de passer trois heures devant ce petit chef d’œuvre de l'horreur que devant un navet purulent à la télévision. C'est bien simple, depuis la démo du prometteur P.T qui ne verra sans doute jamais le jour nous n'avions pas rencontré d’œuvre aussi maîtrisée dans l'art de faire peur.
Notre verdict
On aime
- Une ambiance flippante à souhait
- Une histoire lentement diffusée
- Le manoir gothique aux multiples facettes
- Le travail sur la bande son
On n'aime pas
- Un peu court vu le prix
- Les baisses de frame-rate
Layers of Fear est une excellente surprise comme on en voit trop peu dans l'horreur, un genre qui souffre bien souvent de mécanismes usés jusqu'à la corde et de scénarios prétextes. Le jeu de Bloober Team allie une narration intéressante reposant sur l'exploration des décors et l'exploitation de documents à un sentiment de peur tangible, résultat d'une parfaite maîtrise de l'environnement. Le level design surprenant et le travail sur la bande son font tout pour nous mettre mal à l'aise au point d'appréhender le moindre angle de mur, la moindre ouverture de porte. Depuis la démo de P.T, nous n'avions pas autant flippé sur PlayStation 4.
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