Test Days Gone
Connu jusqu’ici pour son travail sur la série Syphon Filter (PS1, PS2, PSP) et sur les déclinaisons portables des séries Resistance et Uncharted (PSVita), Bend Studio s’est lancé un sacré défi pour sa première production PlayStation 4 en s’attaquant au genre très en vogue du monde ouvert post-apocalyptique. Un choix qui couplé à une campagne marketing plutôt timide de la part de Sony a fait craindre à de nombreux observateurs que le jeu ne soit qu’une compilation de bonnes idées déjà vues ailleurs, certains allant jusqu’à le qualifier d’open world générique avant même de mettre la main dessus ! Heureusement nous pouvons aujourd’hui affirmer, après de longues heures passées en sa compagnie, que s’il n’est clairement pas exempt de défauts Days Gone est bien plus qu’un simple patchwork sans âme.
L’action prend place en Oregon, deux ans après l’apparition d’une pandémie qui a tué une bonne partie des habitants de la planète et en a transformé de nombreux autres en Freakers, des créatures sauvages qui s’attaquent à tous les autres êtres (encore) vivants. Vous incarnez Deacon St John, un biker devenu mercenaire malgré lui depuis la catastrophe, qui tente de survivre en compagnie de son ami Boozer en rendant de menus services aux différents camps de rescapés. Notre homme est toutefois hanté par le souvenir de Sarah, sa femme qu’il a confiée blessée à un hélicoptère de secours lorsque le chaos s’est emparé de la ville de Farewell, et qui est morte par la suite.
Une structure atypique
Contrairement à de nombreux jeux en monde ouvert qui vous proposent de suivre une intrigue principale en ajoutant ici ou là quelques missions secondaires pour varier les plaisirs, Days Gone vous offre une vingtaine de scénarios que vous pourrez faire avancer à votre rythme en accomplissant les missions correspondantes. On trouve évidemment parmi eux des activités annexes classiques pour le genre, mais aussi de nombreux arcs narratifs plus ou moins interconnectés qui vous permettront d’en apprendre plus sur Deacon et son entourage. Bien sûr les missions de ces différentes histoires se débloqueront dans un ordre donné et selon certaines conditions fixées par les développeurs, pas toujours très compréhensibles d’ailleurs, mais vous pourrez tout de même passer d’une thématique à l’autre selon vos envies, et creuser tel aspect de l’histoire plutôt qu’un autre.
Pour vous donner un petit aperçu de ce qui vous attend, l’un des arcs narratifs se concentre sur Sarah et vous permettra de revivre les bons moments passés à ses côtés, un autre se focalise sur votre amitié avec Boozer, et un autre encore vous demande d’enquêter sur les agissements du NERO (National Emergency Response Organization) qui semble en savoir beaucoup sur la pandémie. A côté de cela vous viendrez en aide à différents personnages via des scénarios qui leur sont dédiés, mais devrez aussi vous plier à quelques basses besognes comme nettoyer les camps ennemis occupés par les Maraudeurs (des petits groupes de survivants particulièrement violents) et les Rippers (une sorte de secte), détruire les nids de mutants ou encore jouer les chasseurs de primes. De quoi vous occuper pendant une bonne trentaine d’heures si vous ne perdez pas de temps !
Les différentes missions étant éparpillées sur l’immense carte du jeu qui abrite plusieurs régions débloquées au fil de votre progression, vous passerez un temps non négligeable sur votre moto à avaler les kilomètres. Evidemment vous devrez régulièrement faire le plein de l’engin pour ne pas vous retrouver en panne sèche dans une zone malfamée, ce qui s’accomplira dans une station-service ou avec un simple bidon trouvé dans les parages (curieusement, ils ont une capacité infinie !). Le voyage rapide vers une zone nettoyée de tous ses nids de mutants est une alternative intéressante pour les joueurs pressés, mais il nécessitera lui aussi que la moto ait suffisamment d’essence et il vous privera en outre des surprises de l’étonnant monde ouvert conçu par Bend Studio.
Rester sur ses gardes
Car comme le souligne très justement le trailer de lancement du jeu, « Ce monde n’a qu’une seule proie : vous » ! Que vous soyez sur votre bécane ou à pied, vous êtes toujours susceptible d’être agressé par un ennemi qui passait par là : il n’est pas rare de prendre un tir de sniper alors que l’on se dirige vers notre prochaine mission (ce qui signifie qu’un camp de Maraudeurs n’est pas loin !), d’être attaqué par un loup ou un ours au moment où notre attention est focalisée sur autre chose, voire de croiser une horde de Freakers pendant une course-poursuite. Autant dire que cette omniprésence du danger engage à la prudence et suscite l’inquiétude lorsque l’on doit s’aventurer dans une zone encore inconnue.
Alors forcément, on évite dans Days Gone de débarquer sur le lieu d’une mission comme un éléphant dans un magasin de porcelaine : à l’instar de The Last of Us dont il ne peut nier une certaine parenté pour ce qui concerne son ambiance, le jeu vous pousse à privilégier l’infiltration en vous cachant dans les buissons, en approchant les ennemis par derrière, et en leur brisant le cou de manière discrète. Un repérage avec vos jumelles vous permettra de marquer tous les ennemis alentours pour ne plus les perdre de vue, et vous pourrez même choisir de poser des pièges en prévision de l’alerte que vous risquez de déclencher : attention toutefois à bien vous souvenir de leur positionnement pour éviter de vous y faire prendre ! Exploiter l’antagonisme existant entre vos différents ennemis peut aussi se révéler payant, par exemple en attirant des Freakers ou des animaux sauvages sur des cibles humaines.
Malgré toutes vos précautions, vous finirez à un moment ou à un autre par vous retrouver pris dans une fusillade. Deacon peut transporter une arme de mêlée qui fera des merveilles si vous réussissez à vous approcher de vos ennemis, mais aussi une arme principale (fusil à pompe, fusil d’assaut, carabine…), une arme secondaire (pistolet) et une arme spéciale (arbalète, fusil de sniper, mitrailleuse lourde…) ainsi que différents leurres et explosifs (grenade fumigène, grenade à fragmentation…). Cela étant les munitions ne sont pas infinies, et il sera préférable d’activer votre concentration (R3 en visant) pour ralentir l’action quelques secondes et ainsi préserver vos munitions en enchaînant les headshots.
En cas de problème vous pourrez toujours tenter de courir jusqu’à votre moto pour vous échapper, mais sachez que la jauge d’endurance de Deacon se vide plutôt rapidement et qu’elle met un temps fou à se recharger. Sachant qu’elle est aussi mise à contribution lors des roulades d’esquive (L1), vous comprendrez que sa gestion sera de la plus haute importance en cas de fuite !
Côté intelligence artificielle, vos ennemis ne brillent pas forcément par la complexité de leurs assauts même si certains tenteront de vous prendre à revers ou sur les flancs. Une fois à couvert, ils souffrent comme souvent du syndrome « je jette un coup d’œil » qui vous permet d’aligner leur tête dans votre viseur (une fois encore la concentration est utile) avant de tranquillement presser la détente. Certains mieux équipés et beaucoup plus puissants faisant office de boss vous donneront toutefois plus de fil à retordre, dans des affrontements où vous aurez intérêt à bien étudier votre environnement avant de déclencher l’attaque.
Une fois bien assimilées toutes ces techniques, vous pourrez vous en prendre aux ennemis « signature » du jeu, à savoir les hordes de mutants composées d’une centaine d’individus. Difficiles voire impossibles à affronter sans un minimum de préparation, ces immenses groupes nécessiteront une bonne connaissance du terrain, la mise en place de pièges, un équipement complet et un sang-froid à toute épreuve si vous espérez en venir à bout.
Des ressources indispensables
Et pour vous assurer d’être toujours prêt à affronter n’importe quelle menace, le mieux est encore d’exploiter à fond le système de crafting du jeu qui vous incite à ramasser tous les matériaux que vous trouverez durant vos pérégrinations (bouteilles, stérilisants, réveils, clous, poison, chiffon…) afin d’ensuite les assembler pour fabriquer différents objets. Pour peu que vous en ayez récupéré les plans (vous en trouverez notamment dans les bunkers des camps ennemis nettoyés !), vous pourrez ainsi vous confectionner des bandages, des cocktails d’endurance, des cocktails Molotov ou des grenades fumigènes, ainsi que des armes de mêlée de fortune comme la batte à pointes ou la hache pied de chaise. Certaines pièces mécaniques particulières vous permettront aussi de réparer votre moto lorsqu’elle en aura besoin (les collisions et chutes trop violentes dégradent son état), tandis que les plantes et morceaux de viande pourront être donnés aux cuisines des différents camps pour améliorer la relation que vous entretenez avec eux.
Chaque camp dispose en effet de plusieurs marchands dont la qualité des produits dépend directement de la confiance que le dirigeant local place en vous : l’armurier vous fournira des pétoires de plus en plus puissantes, tandis que le mécano proposera des pièces plus intéressantes pour votre moto. Afin d’augmenter ce niveau de confiance, vous devrez remplir les missions spécifiques au camp mais aussi rapporter les denrées mentionnées plus haut ainsi que les oreilles de mutants récupérées sur leurs cadavres encore fumants. Vos escapades dans la nature vous permettront aussi de croiser des survivants esseulés que vous pourrez envoyer vers tel ou tel camp, augmentant là encore son niveau de confiance.
Au fil de vos actions, vous engrangerez des points d’expérience qui vous feront peu à peu monter de niveau et gagner des points de compétence. Ceux-ci peuvent ensuite être dépensés dans trois catégories différentes (combat de mêlée, combat à distance, survie), chacune comptant 5 niveaux et 3 compétences par niveau. Vous devrez débloquer 2 compétences d’une catégorie donnée pour avoir accès à la suivante, et n’atteindrez donc que tardivement les améliorations les plus avancées.
Ceci dit vous aurez aussi la possibilité d’augmenter votre vie, votre endurance et votre concentration en utilisant des injecteurs cachés dans les checkpoints abandonnés du NERO. Vous devrez au préalable rétablir le courant pour pouvoir pénétrer dans le complexe, l’astuce étant que le générateur est aussi relié à des alarmes forcément activées : à vous de les repérer et de les désactiver avant de remettre le jus, sans quoi tous les mutants et autres cinglés des alentours fondront sur vous !
Une technique impressionnante mais perfectible
Outre son étonnante capacité à afficher des dizaines de mutants simultanément, Days Gone nous offre des paysages naturels de toute beauté faisant la part belle aux forêts, montagnes et rivières. Quelques hameaux le plus souvent déserts sont disséminés ici ou là avec la particularité de vous laisser entrer dans quasiment tous leurs bâtiments, et les campements de survivants donnent réellement l’impression d’avoir découvert un ilot de vie dans ce monde par ailleurs dévasté. Mais la grande force du jeu réside dans sa gestion de la lumière et son rendu des effets météorologiques : traverser une forêt et apercevoir les premiers rayons du soleil à travers les arbres a quelque chose de saisissant, d’autant plus lorsqu’une couche de brouillard de quelques centimètres à peine recouvre le sol. L’orage, la pluie et la neige valent aussi leur pesant de cacahuètes, d’autant que tous ces phénomènes sont dynamiques et apparaissent aléatoirement en cours de jeu. Les cinématiques ne sont pas en reste avec une mise en scène de qualité, et des doublages en français globalement convaincants.
Tout n’est pourtant pas tout rose au pays de Days Gone qui souffre d’abord d’un clipping assez prononcé sur les touffes d’herbe qui apparaissent au sol. Le phénomène ne saute pas aux yeux lorsque Deacon se déplace à pied mais devient plus évident à moto, en particulier à grande vitesse. Plus gênant, nous avons eu droit à différents bugs durant nos sessions de test (y compris avec le dernier patch 1.03) allant du mutant coincé dans le plafond d’un bâtiment à la traversée d’un obstacle durant un combat de mêlée. Mais le problème récurrent le plus pénible concerne sans aucun doute l’audio du jeu qui, pour une raison inconnue, semble parfois disparaître en partie avec par exemple une moto dont le moteur devient muet et des bruitages d’ambiance partis en vacances. La seule solution consistait alors à relancer le jeu, ce qui imposait d’endurer à nouveau son long chargement initial (les voyages rapides sont un peu longuets mais tolérables). On espère que l’inévitable prochain patch corrigera tout ça !
Notre verdict
On aime
- Une ambiance maîtrisée
- Les différents scénarios
- Les effets météorologiques
- De l’action et de l’émotion
- Une durée de vie conséquente
On n'aime pas
- L’IA des ennemis pas toujours au point
- Quelques soucis techniques
- Parfois un petit air de déjà-joué
Belle performance que cette première production PlayStation 4 de Bend Studio qui, sans révolutionner les codes du genre, nous offre un open-world post-apocalyptique à l’ambiance et à la narration soignées, qui réserve autant de sympathiques séquences d’action que de jolis moments d’émotion. Days Gone ne mérite vraisemblablement pas le titre de jeu de l’année en raison de sa thématique surexploitée, de ses mécaniques pour certaines déjà vues ailleurs, et de ses quelques soucis techniques, mais il n’en reste pas moins une belle exclusivité de la console de Sony que les amateurs du genre auront sans aucun doute plaisir à découvrir.
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