Test Hidden Agenda

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PS4

Ambassadeur de la gamme PlayLink aux côtés de SingStar Célébration, Knowledge is Power, Qui es-tu ? et la Planète des Singes : Last Frontier, le jeu d'enquête policière Hidden Agenda tente de renouveler le genre en abandonnant les manettes et en s'adonnant au multijoueur. Réalisé par Supermassive Games à qui nous devons le mémorable jeu d'horreur Until Dawn, cette aventure ciblant les soirées entre amis parvient-elle à capter l'attention des convives ? Réponse en bas de page.

Depuis le début des années 2000, Sony s'est aventuré sur différents terrains ludiques pour proposer au grand public de nouvelles façons de jouer. Avec la caméra de l'EyeToy, les micros de SingStar, les buzzers de Buzz ! et les bâtons du PlayStation Move, le constructeur aura bien tenté de varier les plaisirs. Cette année, c'est l'application PlayLink qui occupe l'attention médiatique en remplaçant les manettes de jeu par nos smartphones et tablettes. Si l'intention est louable pour des party games forcément orientés multijoueurs et qui, jusqu'ici, nécessitaient l'achat d'accessoires, qu'en est-il pour un jeu d'aventure narratif, un genre beaucoup plus solitaire ?

Le jeu dont vous êtes tous les héros

La scène d'ouverture d'Hidden Agenda n'est pas sans rappeler certains films policiers violents / d'horreur dans la lignée de Seven ou de la série Saw. On y découvre une malheureuse victime en slip agenouillée dans une salle piégée, qui n'attend que l'arrivée des forces de l'ordre pour exploser. Un mystérieux tueur en série baptisé par la presse « le piégeur » semble frapper d'anciens responsables d'un orphelinat aujourd'hui abandonné. Appelés sur une nouvelle intervention, la policière Becky Marney et son coéquipier parviennent à prendre en flagrant délit le coupable et l'arrêtent sans ménagement. Cinq années après son procès et sa condamnation à la peine capitale, dont l'exécution est imminente, les meurtres reprennent en ville avec la même signature sous forme de piège à rat. Le bon coupable est-il sous les verrous ?

Avec un tel synopsis, le nouveau jeu de Supermassive Games pourrait être un jeu d'enquête policière dans la lignée d'un Sherlock Holmes. En réalité, son implantation dans la gamme PlayLink le classe davantage dans la catégorie des aventures narratives comme les affectionne le studio Telltale Games. Le gameplay en reprend les fondamentaux : des choix dans les dialogues, des décisions à prendre pour la suite de la trame et des quick time events pour trouver des indices sur des scènes de crime en temps limité ou pour franchir des obstacles lors de courses-poursuites. Néanmoins dans ce titre les conséquences sont bien plus visibles que dans les productions Telltale. Le fait que le jeu ne soit pas au format épisodique et que sa durée de vie soit bien plus courte (environ deux heures) autorise de nombreux embranchements et variantes aboutissant à des dénouements différents. Selon certaines actions réalisées ou non, des personnages apparaissent ou disparaissent purement et simplement de la narration. Même votre coéquipier va jusqu'à changer en fonction de vos premières actions. Les répercussions de vos choix sur le monde et ses personnages sont palpables, ce qui est une bonne chose pour la rejouabilité (on compte pas moins de 37 conséquences au total).

Abandonnez les manettes DualShock 4, ce titre se joue exclusivement avec un téléphone portable ou une tablette sur laquelle a préalablement été installée une application dédiée. Même en solitaire, un second écran est indispensable pour pouvoir jouer puisqu’on se sert de l'écran tactile pour déplacer notre pointeur dans les sélecteurs ou pour balayer les décors à la rechercher de preuves. Un second onglet « Journal » se met à jour en temps réel et permet de consulter à la volée des informations sur l'intrigue, les biographies des personnages, les répercussions de nos choix et les règles du jeu. Cette production offre deux modes : un mode Histoire conçu pour se détendre et un mode Rivalité pensé pour le multijoueur sur canapé. Le mode Histoire peut aussi se parcourir à plusieurs en local (jusqu'à six joueurs au total) et chaque décision se prend à la majorité. En cas d'égalité vous pouvez convaincre vos amis (en vous appuyant sur les statistiques mondiales des votes par exemple) ou faire un putsch en prenant le contrôle de la décision. Ce déni de démocratie est heureusement limité en nombre d'utilisations. Il faut gagner des jetons « prise de contrôle » en étant le plus rapide sur les QTE pour pouvoir écarter les autres joueurs par la suite. Le leadership peut également se prendre en répondant convenablement à des questions de confiance posées par la voix off, il suffit de déterminer qui autour de la table correspond le mieux à la description donnée.


Le mode Rivalité reprend les bases du mode Histoire mais rajoute des intentions cachées, sorte de missions secrètes imposées aux participants pour pimenter les parties. A certains moments clés les joueurs doivent retourner des cartes et se voient attribuer ou non une mission consistant la plupart du temps à orienter les décisions des autres pour que la trame prenne la tournure souhaitée. Celui qui accomplit sa mission gagne des points, celui qui trouve le traitre aussi. Une intention finale est aussi proposée à la fin du jeu pour obtenir la conclusion voulue par la carte. Les règles sont simples et expliquées au fur et à mesure par le narrateur, via un tutoriel audio accompagné de visuels. On sent que le titre est voulu pour être aussi accessible et ludique que possible même si dans le genre le niveau de manipulation n’est pas comparable à des jeux de société du type « Loup-garou », bien plus dégueulasses dans leur degré de trahison.

Batterie faible

L'expérience acquise sur la modélisation des acteurs (Rami Malek, Hayden Panettiere, Peter Stormare) dans Until Dawn fut bénéfique pour le studio dans le développement d'Hidden Agenda. Les visages sont troublants de réalisme, les gros plans nous font profiter de leurs imperfections de peau et de leurs regards expressifs. L'Unreal Engine fait un boulot incroyable sur les textures, et les doublages français contribuent eux aussi à l'immersion en évitant de lire des sous-titres en dépit d'une synchronisation labiale pas toujours irréprochable. Nous sommes devant un thriller interactif qui se laisse suivre avec un plaisir non dissimulé. La traque du tueur est intéressante, parfois passionnante sur certaines scènes à suspense. L'effet « whodunit » fonctionne bien, on a envie de connaître le nom du véritable responsable. Malheureusement pour nous, durant notre test notre enquête est tombée dans une impasse conduisant à l’une des mauvaises fins du jeu : le générique s’est alors déroulé et une scène post-crédits nous a dévoilé l’identité du véritable coupable, que nous n'avions évidemment pas eu le temps de découvrir durant notre première partie… Quelle idée scandaleuse de nous gâcher le suspense en révélant de la pire des façons l'identité de l'assassin, atomisant au passage l'expérience de jeu pour les parties suivantes qui perdent alors une bonne partie de leur attrait !

Malgré son découpage en actes, l’expérience n’est pas chapitrée alors impossible d’effectuer un retour en arrière pour modifier une décision ou revenir sur ses pas. En cas d’échec, comme ce fut notre cas, il faut recommencer le jeu depuis le début. Un principe archaïque et démotivant puisqu'il n'y a ni avance rapide ni possibilité de passer les cut-scenes pour arriver directement au moment où tout a basculé. Pas sûr que tous les invités de votre soirée jeu vidéo voudront remettre le couvert tout de suite, d'autant que leur implication est relativement limitée. Soyons francs, les composantes multijoueurs de ce titre sont dispensables, pas tellement adaptées à ce style de jeu, et nous nous sentons plus concernés en solo.

Enfin, le système PlayLink en lui-même soulève pas mal de questions sur sa viabilité sur le long terme. Si dans un avenir plus ou moins proche la dernière mise à jour du système d'exploitation iOS ou Android rend votre système incompatible avec l'application, le galette sera bonne pour la poubelle. Cette dépendance à un accessoire tiers est, de fait, une faiblesse : vous devez avoir un écran, une console, un jeu et un smartphone spécifique pour y jouer. Si vous avez un Windows Phone passez votre chemin, même chose si vous pensiez que Sony mettrait l'application à la disposition des possesseurs de PlayStation Vita, SA console portable martyre. Les parties sont également tributaires de la qualité de votre connexion Wifi, de la batterie des appareils connectés (qui fond assez vite), de leurs sollicitations extérieures (oh, un appel en pleine partie !) et de l'homogénéité des supports. Un joueur sur tablette sera par exemple pénalisé sur les épreuves de rapidité étant donné que la surface de l'écran qu'il devra parcourir au doigt sera plus grande que sur un smartphone. Il n'est pas rare de devoir s'y reprendre à deux fois pour déplacer son curseur à l'endroit voulu sur une tablette quand un geste du pouce suffit sur un téléphone. Franchement, les bonnes vieilles manettes faisaient mieux le boulot.

Notre verdict

On aime

  • Les modélisations hyper-réalistes
  • Les doublages français
  • Les choix ont de vraies conséquences
  • Plusieurs fins
  • 19,99€ en boite

On n'aime pas

  • Le PlayLink, fausse bonne idée
  • Le multijoueur dispensable
  • La durée de vie très courte
  • Pas de chapitrage des actes
  • Pas d’avance rapide ni de saut des cut-scenes
  • La scène post-crédits qui spoile à mort
  • Les tablettes sont pénalisées

Hidden Agenda est un bon petit thriller interactif réalisé avec un grand soin par les auteurs d'Until Dawn. Les modélisations des visages sont impressionnantes, les doublages français ont le mérite d'éviter de se farcir la lecture de sous-titres et les choix pris après réflexion ont de réelles conséquences sur la suite de la trame. Ce titre aurait mérité une durée de vie plus dodue et une histoire plus complexe au lieu d'être « casualisé » pour servir de faire-valoir à la gamme PlayLink dans laquelle il n'a pas vraiment sa place. L'expérience à la manette et seul dans son coin aurait été aussi bonne voire meilleure.

Note finale : 6.5 / 10
Les commentaires
Le
Vraiment dommage le spoil de fin :(
Peut etre une maj futur pour virer cette scène?
J'avoue que je suis perplexe aussi. Faire le jeu en coop avec mes potes ou le faire en mode compétition...
Le
Du coup j'ose pas lire le test si ca spoil lol
Le
Ouais j'étais scié. On voit la caméra remonter du buste vers le visage, je me suis "Non, ils vont pas le montrer". Et bim, le visage de l'assassin. Merci les gars. :pfff:
Le
Msis vous parlez de quoi? C'est ou que cela spoil?
Le
Dans une scene post generique de fin qui tombe meme si tu "termines" ton enquete dans une impasse. Du coup t'as la revelaton sans le vouloir...

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