Test Life is Strange : True Colors

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PS5

Après un premier volet, une préquelle et une suite chiffrée, la série Life is Strange revient dans un épisode inédit simplement sous-titré True Colors. Si on pense tous à la chanson de Cindy Lauper voire à celle de Phil Collins, la palette de teintes fait ici référence aux différentes émotions, comme celles caractérisées par des personnages dans le film Vice Versa de Pixar en 2015.

Réactions en Chen

Un peu comme le début du jeu Tell me Why de Dontnod - le studio français à qui nous devons le premier Life is Strange - True Colors démarre par le dernier entretien d’un(e) pensionnaire d’un institut spécialisé en trouble du comportement pour jeunes adultes. Cette fois ce n’est pas Tyler qui s’apprête à retrouver sa sœur Alyson mais Alex Chen qui se prépare à rejoindre son frère Gab à Haven Springs dans le Colorado. Les similitudes s’arrêtent là puisque notre américano-asiatique a connu des difficultés durant sa jeunesse pour une tout autre raison. Sans pouvoir se l’expliquer, elle possède un pouvoir : la capacité de lire les émotions des gens et de les absorber comme une éponge quand elle se trouve à leur contact. Si pour certaines d’entre elles la situation est gérable (joie, tristesse), son comportement change complètement si elle partage de la colère ou de la peur avec autrui. Un pétage de plomb plus tard et la voilà considérée comme instable et placée en famille d’accueil.

Quand elle débarque dans la petite ville de montagne, cela fait huit ans qu’elle n’a pas vu son frère. Les retrouvailles sur fond de guitare folk sont tout de même chaleureuses… si vous en décidez ainsi. Fidèle à ses origines, ce nouveau Life is Strange est un jeu d’aventure narratif centré sur son scénario avec de nombreux choix moraux à faire qui influent sur la suite de l’histoire. Les Walking Dead de Telltale ont ouvert la voie avec leurs épisodes sous tension et leurs statistiques finales à comparer à celles de vos amis ou de la masse des joueurs. Prendrez-vous les mêmes décisions que la majorité ou vous démarquerez vous ? C’est toujours intéressant de se situer par rapport aux autres et tentant de recommencer une partie pour voir la face B. Plusieurs emplacements de sauvegardes sont là pour ça. Tout le sel du jeu reposant sur son histoire à rebondissements, ce serait un sacrilège de trop en dévoiler. Nous dirons simplement qu’après la réunion de famille, le premier épisode se termine sur un accident mortel sur lequel vous serez amené à enquêter. Il en faudra bien quatre autres (des épisodes, pas des accidents) pour découvrir le dénouement de cette trame touchante, mêlant sentiments, amour et drames.


A l’image des jeux Quantic Dream, on a souvent reproché la passivité du genre « aventure narratif », réduit à des cinématiques à rallonge avec beaucoup de dialogues mais seulement quelques déplacements concis, des interactions artificielles et des choix aux conséquences pas toujours perceptibles. Bonne nouvelle déjà, cette fois les dialogues sont entièrement doublés en français pour diminuer l’effort de lecture et renforcer l’immersion. Avec des voix connues comme celles d’Ellie de The Last of Us et Ciri de The Witcher III, le doublage est d’excellente qualité. Ensuite, le jeu est bien plus ouvert que les précédents, la bride lâchée à partir du second épisode nous permettant d’explorer davantage la ville, de dialoguer avec ses habitants et de remplir quelques quêtes annexes d’utilité publique. Un plus indéniable pour approfondir les personnages et donner vie à cette charmante bourgade tombée d’un épisode de Dawson où les animaux sauvages côtoient une verdure ultra-colorée baignée par les rayons du soleil. Enfin, les décisions à prendre sont nombreuses, parfois en temps limité, et leur impact réel pour certaines d’entre elles (notamment l’orientation sexuelle d’Alex) et insignifiant pour d’autres. Peu importe, on a toujours l’impression d’être le commandant à bord du bateau et l’illusion fonctionne à nouveau à merveille.

Colore le monde

Disponible depuis le 10 septembre en boite et en numérique, ce volet réalisé par le studio Deck Nine (à qui nous devions déjà la préquelle Before the Storm) se démarque de ses aînés en proposant directement l’intégralité de la saison à l’achat. Plus besoin d’attendre une distribution régulière d’épisodes, ils sont tous compris dans la package de base. En revanche, le scénario additionnel Wavelength mettant en scène Steph Gingrich (la fille au bonnet déjà vue dans la préquelle du même studio) ne sortira que le 30 septembre prochain. Quant aux remasterisations des jeux mettant doublement en scène Chloé Price, il faudra patienter jusqu’à 2022...

Ce changement de format concentre notre implication pour « binger » le jeu en l’espace d’un week-end, les cinq chapitres d’environ deux heures trente chacun se bouclant en une douzaine d’heures sans bâcler. Outre les missions secondaires mentionnées plus haut, on peut décupler le plaisir en prenant le temps de fouiner dans le passé d’Alex par l’intermédiaire de sa page Myblock (un genre de Facebook), de ses anciens SMS et dans son journal intime. Les trois médias sont accessibles en pressant le pavé tactile de la manette et nous glissent en quelques sortes sous les lunettes de la demoiselle. Une belle façon de créer de l’empathie pour un personnage malgré tout un peu moins attachant que Maxine Caulfield. De même, son pouvoir qui permet finalement surtout de lire les pensées d’une poignée de personnes est bien moins impactant que la manipulation du temps de l’apprentie photographe… Son pouvoir a au moins le mérite de nous lancer dans la chasse aux objets imprégnés de souvenirs à libérer pour déverrouiller des trophées et ainsi faire tomber le platine dès la première partie. Et puis cette fois on peut changer les fringues de notre fashion victime pour apporter un soupçon de personnalisation et dépenser quelques euros dans de nouvelles tenues vendues séparément !

Dans le fond très fidèle à la franchise, ce True Colors l’est aussi dans la forme avec sa direction artistique toujours aussi crayonnée et ses décors en carton-pâte qui donnent l’impression d’être sur un plateau de cinéma. Le titre a beau tourner sous Unreal Engine, les textures parfois simples ne font pas honneur à la PlayStation 5 mais les couleurs chatoyantes et les effets de ray-tracing sur les surfaces vitrées, comme sur les verres des lunettes d’Alex, font leur petit effet. Une petite touche de réalisme qu’on retrouve également dans les expressions faciales convaincantes, les animations motion-capturées et les regards larmoyants des humains. L’ambiance feel-good qui se dégage du titre doit aussi beaucoup à sa bande son exceptionnelle enchaînant des titres connus sous licence (Radiohead, Phoebe Bridgers, Gabrielle Aplin), de nouvelles chansons de mxmtoon et Novo Amor, et des sonorités à la guitare qui donnent envie de faire un feu de camp sur la plage. C’est calme, c’est reposant, ça touche en plein cœur et c’est pour ça qu’on aime tant cette licence.


Pour ce qui est de l’aspect « next gen », outre l’absence de bug et une fluidité totale, on peut compter sur du ray tracing optionnel et des temps de chargement plafonnés à dix secondes. En revanche le jeu se sert peu des fonctions de la DualSense. Quelques vibrations selon l’instant, une gâchette qui tressaute au moment d’utiliser son pouvoir mais ça s’arrête là. L’upgrade gratuite PS4>PS5 est évidemment de mise.

Notre verdict

On aime

  • Les dialogues doublés en français
  • Les personnages bien écrits
  • L’excellente bande-son
  • Les choix à faire, évidemment
  • Un cadre un poil plus ouvert
  • Les quêtes annexes bienvenues
  • L’ambiance contemplative
  • Tous les épisodes d’un coup

On n'aime pas

  • Les fringues payantes
  • Un pouvoir un peu superficiel
  • L’enquête reléguée au second plan
  • L’effet de surprise est passé

Digne héritier de Dontnod sur Life is Strange : Before the Storm, le studio Deck Nine continue sur sa bonne lancée avec un titre original jouant à fond la carte de l’empathie en nous plaçant dans la peau d’une jeune fille capable de manipuler et d’absorber les émotions des gens. Si ce pouvoir n’est pas aussi impactant que celui de Max et l’enquête qui en découle moins approfondie que celle de Twin Mirror, l’histoire est suffisamment touchante pour la dévorer sans attendre entre chaque épisode. Les personnages attachants, le monde un peu plus ouvert et les musiques bien choisies donnent corps à cette aventure émouvante qui vous en fera voir de toutes les couleurs.

Note finale : 8 / 10
Les commentaires
Le
Life is Strange + Before the Storm Remastered : 1er février 2022.
Le
Vincent a écrit : ven. 24 sept. 2021 20:34 Life is Strange + Before the Storm Remastered : 1er février 2022.
Il y a plus de remakes et de remasters que de nouveaux titres :o

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