Test The Medium

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PS5

Annoncé en fanfare par Microsoft comme une exclusivité Xbox intégrant directement le Game Pass dès sa sortie le 28 janvier dernier, The Medium faisait de l’œil aux possesseurs de PlayStation 5 qui brûlaient des cierges dans l’espoir d’un portage. Leur souhait fut finalement exaucé en juin avec l’officialisation d’une sortie sur la console de Sony pour le 3 septembre. Le jeu n’étant compris dans aucun abonnement cette fois, vaut-il réellement ses 50 euros ?

Esprit, es-tu là ?

Le jeu vidéo The Medium est le fruit du studio polonais Bloober Team qui assoit un peu plus avec cette superproduction son statut de spécialiste de l’horreur psychologique. Déjà remarqué avec le très bon Layers of Fear, le développeur a continué sur sa lancée avec Observer, Layers of Fear 2, la licence Blair Witch jusqu’à son récent partenariat avec le japonais Konami pour un probable reboot de la série Silent Hill. The Medium est sans doute son projet le plus ambitieux jusqu’à présent, financé en partie avec les dollars de Microsoft, et dont la sortie sur PlayStation 5 se fait dans une jolie édition collector avec artbook physique et bande son sur CD (également disponible sur Xbox Series X) dont on peut retrouver le contenu sur le PlayStation Store.

La figure du médium est ancrée dans la culture populaire pratiquement depuis que l’Homme a pris conscience de sa propre mort. Ce mystique à la sensibilité exceptionnelle a connu son âge d’or au XIXème siècle, lors de soirées spiritisme où on lui demandait de faire tourner les tables ou de parler aux esprits à l’aide d’une planche Ouija. Celui dont il est question ici est Marianne, une jeune femme ayant des dons psychiques lui permettant de communiquer avec les défunts. Elle les aide à franchir le pas vers l’au-delà, peut également se servir de ses capacités pour percer des secrets invisibles aux communs des mortels et ressentir des événements passés à travers des objets. Concrètement, dans le gameplay son talent se caractérise par une touche de Vision (L1) pour repérer des choses / mécanismes cachés et pour entendre des bribes de conversations fantômes ayant imprimé des objets du quotidien.

Son don lui permet aussi de naviguer entre le monde des vivants et celui des morts, voire d’explorer les deux simultanément à des moments fixés par le scénario. Vous l’avez sans doute vu dans les trailers et les screenshots du jeu, à certains instants de l’enquête l’écran se scinde en deux pour arpenter à la fois le décor « dans la vie normale » et son équivalent « de l’autre côté ». Les deux versions de notre héroïne se déplacent alors en parfaite synchronisation à condition que le chemin existe dans les deux mondes. Ce n’est généralement pas le cas bien longtemps, l’obligeant alors à trouver des clés « in real life », à découper des panneaux de chair putride au purgatoire, à se téléporter grâce à des miroirs ou carrément à sortir de son corps pour franchir une grille et crapahuter loin de son enveloppe charnelle pour trouver un moyen de l’ouvrir.


Le voyage de l’autre côté est bien entendu ce qui fait le sel de ce titre, notamment pour sa direction artistique incroyable inspirée par les œuvres de Zdzisław Beksiński, un peintre surréaliste dystopique polonais. Tout en ocre et en os, cet univers sinistre ressemble à des catacombes gothiques stylisées dans un premier temps avant de basculer vers quelque chose de plus organique par la suite. C’est aussi dans cette dimension qu’il se passe le plus de choses, comme l’utilisation d’une sphère de protection pour franchir des nuées de papillons de nuit voraces bloquant le chemin ou l’envoi d’ondes de choc (qu’il faudra préalablement charger) pour dégager la voie. On y trouve également la plupart des dangers, notamment un démon ailé que nous ne pouvons que fuir ou bien éviter (pas de combat dans ce soft) en nous planquant derrière des éléments du décor tout en retenant notre respiration. Le vilain fait bien quelques apparitions furtives dans notre monde mais il y est moins à l’aise. Et c’est tant mieux puisque chaque mort nous renvoie à un chargement d’une vingtaine de secondes, chose dont nous n’avions plus l’habitude avec le SSD de la PlayStation 5.

Au-delà...des attentes ?

Depuis toute petite, Marianne est hantée par le cauchemar d’une fillette se faisant abattre près d’un lac. Elle a beau utiliser ses compétences, elle ne parvient pas à déchiffrer cette énigme si bien qu’elle est prête à foncer lorsqu’elle reçoit un coup de téléphone d’un certain Thomas qui prétend détenir des réponses et l’invite à le rejoindre à dans les ruines de l’hôtel Niwa. Sur place, au fil de rencontres, de cinématiques et de lecture de documents, elle lèvera le voile d’un mystère bien plus sombre à la thématique adulte plutôt rare dans le jeu vidéo, dont nous ne dévoilerons rien pour vous laisser le plaisir de la découverte. Parce que le plus grand plaisir à prendre dans The Medium est sans doute celui de suivre sa trame jusqu’à son dénouement. A part un ou deux sursauts inévitables, le jeu ne fait pas peur et se classe davantage dans la catégorie des thrillers surnaturels vaguement horrifiques que dans celle des survival-horror glaçants. L’aventure est même un peu longue à décoller, nous rendant coupable de quelques bâillements le temps que toutes les features soient détaillées comme sur un tutoriel qui s’étire en longueur.

Certes, la progression se faisant sur les deux plans est une belle trouvaille, en passant de l’un à l’autre au gré de l’histoire, mais les énigmes s’avèrent classiques et les moments d’effroi bien trop rares. Pourtant, l’utilisation d’angles de caméras fixes se prêtait à la peur primaire de l’inconnu, mais il n’y a pratiquement pas d’antagoniste à craindre et pour une médium tout ce qui tourne autour du paranormal est familier donc Marianne n’a aucune peur à communiquer au joueur, étant donné qu’elle est dans son élément. Quand une personne lambda détalerait à la vue d’un spectre, elle va lui parler pour l’aider. Il lui en faut plus pour l’inquiéter et donc nous inquiéter.

Pour accompagner ces deux univers en musique, le jeu opte pour une doublette de compositeurs avec d’un côté Akira Yamaoka (connu pour son boulot sur la saga Silent Hill) et Arkadiusz Reikowski, pur produit Bloober Team déjà à l’œuvre sur les précédents titres du studio cités plus hauts. Le résultat est à la hauteur des attentes avec des mélodies touchantes, pleines de nostalgie et de mélancolie, qui cadrent bien avec l’ambiance fanée des décors. La réalisation fait dans l’efficace à défaut d’être tape-à-l’œil (pas de sélecteur performance / graphisme ici) avec un cadre joliment dépouillé et des personnages détaillés mais on devine que l’écran splitté est trop gourmand en ressources pour frimer davantage. En revanche, que dire des animations d’un autre temps, avec des protagonistes qui peinent à courir ou à grimper et donnent tout son sens à l’expression « balais dans le derche ». Les déplacements sont lents, l’exploration est lente, la progression est usante. Voir la fin du jeu au bout d’une huitaine d’heures se mérite, preuve que l’exploration entre deux chaises n’est au final pas si fun que ça.


Enfin, The Medium profite des technologies de la DualSense pour gagner en immersion depuis sa première sortie. Au casque le son 3D est très précis et plonge totalement dans l’ambiance tandis que le haut-parleur de la manette diffuse les dialogues de l’au-delà qui habitent encore quelques objets et des sons des décors comme une sonnerie de téléphone par exemple. Les vibrations voient leur intensité varier selon les événements (faibles pour une simple ouverture de porte, fortes en cas de scènes-chocs) et la lumière qui entoure le pavé tactile vire de l’orange au rouge clignotant dès qu’un danger est imminent. Le gyroscope et le pavé servent à orienter le regard de Marianne lors des séquences d’observation (ce que le stick fait aussi) et les gâchettes L2 et R2 se raidissent quand on veut se mettre à courir ou quand on charge l’énergie spirituelle pour envoyer une onde de choc. Des ajouts bienvenus qui ne modifient pas l’expérience en profondeur mais qui lui font gagner en intensité.

Notre verdict

On aime

  • L’esthétique de l’au-delà
  • Naviguer entre deux mondes pour progresser
  • L’histoire aux thématiques matures et ses twists
  • Les musiques touchantes
  • Les doublages anglais de bonne qualité
  • Les ajouts de la DualSense

On n'aime pas

  • La peur est absente
  • Les animations d’une rigidité cadavérique
  • Un peu long à démarrer
  • Les énigmes banales
  • Aurait pu être plus beau
  • Le chargement entre chaque mort

Pour le projet le plus ambitieux du studio Bloober Team, nous nous attendions à connaître le grand frisson avec The Medium et ce ne fut pas le cas puisque ce n’est en définitive pas un survival-horror cherchant à nous faire peur mais un thriller surnaturel ayant une histoire à nous raconter. A condition de le prendre pour ce qu’il est vraiment, et de ne pas se laisser décourager par son démarrage poussif, le titre parvient à tenir en haleine jusqu’à son dénouement surprenant. L’exploration à cheval entre deux mondes est une bonne idée qui aurait mérité plus de liberté (au lieu d’être imposée par le scénario) et servir davantage que pour résoudre des petites énigmes mais rien que pour sa direction artistique incroyable le voyage vaut le coup / coût.  

Note finale : 7 / 10
Les commentaires
Le
que dire des animations d’un autre temps, avec des protagonistes qui peinent à courir ou à grimper et donnent tout son sens à l’expression « balais dans le derche »
Mais où est le respect !?
Le
:lol: genial celle la :D
Le
Je n'ai pas utilisé le mot "cul", il est là le respect. 😛
Le
On pouvait pas espérer mieux d’une exclue Microsoft de toutes façons !

😬😬😬
Le
7/10 c'est généreux, j'ai abandonné au bout de 5m :o
Le
La note est juste : le gameplay est très rigide et les animations trahissent le côté AA, mais l’ambiance à la Silent Hill est vraiment très bonne. Abandonner au bout de 5 minutes, c’est que tu n’as même pas terminé l’intro, c’est dommage ;)
Le
Jeu patché : rajoute ray-tracing, meilleures performances et meilleur retour haptique.


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