Test Sanity of Morris

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PS4

Les extraterrestres existent-ils ? Persuadé de leur réalité, votre père a passé, tel un Fox Mulder vidéoludique, la plus grande partie de son existence à tenter d’en apporter la preuve jusqu’à sa mystérieuse disparition. Et c’est à vous, son fils avec qui les ponts sont coupés depuis longtemps, qu’il a laissé un message sur répondeur l’invitant à le rejoindre de toute urgence dans sa petite ville de Greenlake.

La vérité est ici

Sur le papier, Sanity of Morris a de quoi séduire plus d’un joueur avec son pitch rappelant les grandes heures d’X-Files. Alors que ça fait des années que vous avez perdu le contact avec votre père, vous, Jonathan Morris, recevez un étrange message sur le répondeur de votre téléphone. C’est votre paternel, et il semble paniqué à l’idée de vous faire des révélations sur la quête de sa vie : prouver l’existence des extraterrestres. Il vous demande de le rejoindre dans votre ville natale de Greenlake, ce que vous faites en bon gamin bien élevé. Alors que votre voyage touche à son but et que la nuit a progressivement entouré votre voiture, la camionnette blanche dans votre rétroviseur a semble-t-il l’intention de vous faire sortir de la route. Elle y parviendra facilement et alors que vous vous extirpez de votre véhicule accidenté vous comprenez que le vieux a peut-être mis la main sur une vérité qui dérange.

Le jeu du studio indépendant Alterego Games est vendu comme un jeu d’horreur psychologique en vue intérieure avec une part d’enquête et de furtivité. La furtivité est effectivement de mise dès les premières minutes lorsque vous devez fuir les hommes armés qui vous traquent en forêt pour vous réduire au silence. Le premier réflexe est évidemment de couper la lampe de poche que vous tenez en main (bouton Carré) et de vous baisser (bouton Rond) pour échapper au champ de vision de vos ennemis matérialisé par le faisceau de leur lampe à eux. Bon, les ennemis ne sont pas bien malins, ne réagissant pas vraiment aux bruits environnants, effectuant leurs rondes sans même tourner la tête et ne vous voyant pas passer devant eux à la limite de leur torche. Comme ils vous éliminent en un coup ce n’est pas plus mal (les sauvegardes automatiques sont heureusement régulières) sauf lors d’événements scriptés où vous devez fuir à l’aide de QTE textuels déconcertants, les boutons à presser n’étant pas représentés à l’écran sous forme de symboles mais par leur appellation en toute lettre (sans doute un héritage de la version PC). A ce titre signalons une localisation française présente mais perfectible avec des traductions littérales comme remettre le « pouvoir » de la maison pour le mot power ou le verbe mash resté en anglais pour marteler une touche par exemple. La taille des écritures du carnet paraît également très petite pour un joueur console, à la limite de l’illisible.


La partie enquête se caractérise par la voix intérieure de notre héros bavard qui ne cesse de commenter ce qui lui arrive et sur l’alimentation d’un carnet de notes accessible en pressant L2. Celui-ci renferme tous les documents récupérés (cassettes audios, journaux, dossiers...), classés sur une frise chronologique, ainsi que nos objectifs et indices. Le titre fourmille d’objets entourés d’un halo rouge montrant qu’il est possible de les manipuler à 360°. On en arrive à la partie « psychologique » du jeu d’horreur psychologique puisque notre fiston a visiblement une santé mentale précaire caractérisée par des crises de panique s’il reste trop longtemps dans le noir (l’écran se rétracte à mesure qu’il décline). Il est également victime d’hallucinations très fréquentes, soit au travers d’apparitions spectrales sans rapport avec le contexte (enfant fantôme, totem satanique...) ou bien lorsqu’il manipule des objets anodins et que ceux-ci se changent soudainement en masse visqueuse, en organe ou en araignée. Surprenante les premières fois, cette ficelle est malheureusement recyclée à presque tous les objets secondaires si bien qu’à la longue on abandonnera complètement les manipulations pour éviter une énième transformation sans conséquence.

Même pas peur !

C’est en revanche la douche froide pour la partie horreur du titre puisqu’il ne parvient jamais à faire peur, à faire grimper la tension ou à provoquer une sensation d’angoisse. A se demander s’il en avait ne serait-ce que l’intention au regard des événements et du gameplay. Tout le suspense entourant l’existence supposée des aliens s’essouffle dans la première demi-heure, et on passera le reste de l’aventure à éviter la lumière de poulpes de l’espace, à chercher des objets clés placés jamais bien loin de leur utilisation et à jouer de la lampe de poche. Cette dernière révèle des indices laissés par notre père prenant la forme d’inscriptions sur les murs ou de traces de pas comme avec la lampe à ultraviolets des experts. Le faisceau actionne également des interrupteurs d’un autre monde lorsque la lumière est concentrée en un point à l’aide du bouton Triangle, faisant croître ou décroître des lianes extraterrestres pour former un pont ou libérer un passage. Et c’est à peu près tout pour les features originales, le reste n’étant que du déjà-vu / déjà-joué ailleurs…

Avec un tel synopsis on s’attendait à un titre reposant surtout sur la narration, sur un scénario riche, mieux ficelé, avec davantage de mystère au lieu de facilités scénaristiques et de clichés de série B. C’est d’autant plus regrettable que l’expérience dure environ quatre heures pour un prix de 14,99€, et que sur cette présence à l’écran nous ne serons ni surpris, ni émus, ni impressionnés par l’histoire. Il faut bien admettre qu’il est difficile d’être totalement immergé par un titre dont la réalisation se rapproche plus des standards de la PS3 que d’une PS4 en fin de vie. Le moteur Unity n’est pas exploité à sa juste valeur et présente ici des textures simples, un important clipping sur les extérieurs (empiré par la touche zoom) et des effets de lumière incapables de porter la moindre ombre en temps réel. Les décors sont souvent vides, les animations des personnages rigides et leur modélisation sommaire, trahissant le budget réduit de la production. Seule consolation, l’ambiance sonore - et notamment les musiques - nous enveloppe bien dans une atmosphère paranormale même si elle ne parvient pas à rattraper les lacunes visuelles et les erreurs d’écriture évidentes. A défaut de donner le grand frisson, Sanity of Morris entre simplement dans la catégorie des jeux indépendants réalisés avec de bonnes intentions mais manquant cruellement de moyens et de génie pour s’extirper de la masse de productions vidéoludiques actuelles.

Notre verdict

On aime

  • L’utilisation de la lampe torche
  • L’ambiance sonore
  • Le choix dans la fin

On n'aime pas

  • La réalisation dépassée
  • L’intelligence artificielle aux fraises
  • Les QTE textuels
  • L’absence totale de peur
  • L’histoire sans surprise
  • Les apparitions redondantes

Avec Sanity of Morris nous aurions aimé être transportés dans une aventure passionnante mêlant investigation, mystère et ufologie. Malheureusement, du titre d’Alterego Games nous ne retiendrons que des mécanismes de gameplay surexploités, une histoire banale et une réalisation déjà totalement dépassée à sa sortie. L’expérience, moyenne voire médiocre par moment, sera oubliée en à peine quelques semaines et la proposition d’une fin alternative sera insuffisante pour y replonger une seconde fois tant le premier run paraît déjà suffisant.

Note finale : 4 / 10
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