Test Planet Alpha

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PS4

Avec l’orgie de grosses sorties qui frappe la PlayStation 4 en ce beau mois de septembre, une production modeste comme Planet Alpha aurait vite fait de passer inaperçue si l’éditeur Team 17 ne nous avait pas spontanément envoyé une version à tester. Et quelle ne fut pas notre joie de découvrir sous ce nom passe-partout une excellente surprise indépendante dans la droite lignée des jeux développés par le studio danois Playdead : Limbo et Inside.

Forbidden Planet

Faisant abstraction de la moindre cinématique ou texte introductif, Planet Alpha démarre immédiatement en prenant le contrôle d’un astronaute d’allure humanoïde en combinaison. Le scaphandre est trop éloigné pour en deviner le contenu, mais on imagine que notre type n’est pas totalement humain. Est-ce un extraterrestre ? Est-ce un androïde ? Est-ce important ? Nous n’en avons que faire et le prenons en main pour constater qu’il traîne la patte. Visiblement blessé et esseulé sur une planète inconnue, notre gars avance vers la droite, le chemin à sa gauche n’étant qu’un cul de sac. Après quelques mètres, le voici qui s’effondre en perdant connaissance. À son réveil il n’est non seulement plus au même endroit (qui a bien pu lui venir en aide ?) mais il est en plus totalement requinqué. L’exploration peut vraiment commencer et avec elle les interprétations. Sans contexte scénaristique réel, c’est au joueur de déduire voire d’imaginer la trame principale. La présence sporadique de cadavres portant la même tenue que nous laisse par exemple supposer que nous ne sommes pas la première expédition à échouer ici.

À la manière des deux chefs-d’œuvre du studio Playdead, Planet Alpha se déroule comme une longue fuite en avant mariant habilement plateforme, puzzle et infiltration. Par défaut notre héros court droit devant lui, il peut sauter avec le bouton Croix, se baisser avec le bouton Carré et saisir des objets à pousser avec la même touche (généralement des blocs de pierre). D’autres commandes plus anecdotiques sont placées sur les gâchettes et le second stick. L1 sert à marcher, le stick droit à orienter la caméra sur son axe autour du type et L2 / R2 à contrôler le cycle du soleil. En effet, cette planète est elle aussi baignée de la lumière d’une sphère incandescente donnant lieu à des phases de jour et de nuit comme sur Terre. Allez savoir pourquoi, quand il se trouve sur certains socles spéciaux notre spationaute peut manipuler le cycle jour / nuit à son avantage en accélérant le temps ou en le remontant. Cette feature (sur)vendue par le studio n’est pas omniprésente dans le jeu et ne se manifeste qu’à certains instants clés. Il n’empêche qu’à ces moments précis jouer avec le soleil a quelque chose de jouissif. Déjà d’un point de vue graphique les effets de lumière, les ombres mouvantes et la palette de couleurs changeante sont superbes à voir, mais surtout cela sert le gameplay pour résoudre quelques énigmes comme jouer sur l’éclosion de fleurs ou faire apparaître des astres dans le ciel, sorte de sésame à certains mécanismes.


Ces moments étant plutôt rares, le gros de l’expérience est surtout de l’exploration avec une bonne dose de plateforme. La visite de cette planète interdite fait naître les mêmes sensations que lorsqu’on découvre Pandora dans le film Avatar pour la première fois en Imax 3D. Ultra colorée, luxuriante, touffue, organique, les adjectifs qualificatifs ne manquent pas pour décrire ce nouveau monde aux herbes hautes, aux plantes fluorescentes, aux créatures immenses de nature préhistorique et aux cavernes infernales. Véritable personnage à part entière, ce décor qui évolue durant tout l’unique plan séquence qui compose cette aventure est une prouesse qui vaut pratiquement à elle seule de passer à la caisse. On remerciera l’Unreal Engine pour nous offrir un tel panorama. Ce paradis extraterrestre voit pourtant sa beauté être rapidement bafouée par une invasion de robots belliqueux tout droit sortis d’un film de science-fiction des années 50. Avec leurs antennes sur leurs casques, leurs pistolets lasers, et leurs tripodes façon Guerre des Mondes, ils sont aussi kitsch que redoutables : ils tirent à vue et ne vous feront pas de cadeau. On passe alors à la seconde partie du gameplay pour survivre, l’infiltration, en se planquant dans les fourrés, en faisant diversion et en agissant sur l’environnement pour anéantir les machines. Tout autant que lors de phases de grimpette périlleuses, la rencontre avec ces boites de conserve peut rapidement se solder par un Game Over. Heureusement l'échec n'est jamais une sanction puisque les checkpoints très réguliers nous font reprendre peu de temps avant notre chute. Un bon point pour la progression sans frustration, surtout lors de certains pics de difficulté.

Alpha bête

Ce n’est sans doute pas un hasard si ce Planet Alpha s’inspire des jeux Limbo et Inside puisqu’il a lui aussi été créé au Danemark par un jeune développeur du nom de Planet Alpha Game Studio (!). Cette petite équipe talentueuse signe une première production de qualité même si elle n’est pas exempte de défauts. Tout d'abord, la surabondance de détails des extérieurs nuit parfois à la lisibilité au point de perdre notre gars dans le décor. Il a certes une lampe d'épaule allumée pour le distinguer mais, au milieu de la végétation ou caché par un élément au premier plan, on peine parfois à le repérer. Ensuite, l’intelligence artificielle des machines a du mal à improviser quand elle sort de l'itinéraire habituel. Quand deux ennemis nous repèrent, ils peuvent se gêner mutuellement en retournant à leur place ou bloquer contre un élément du décor qu'on aurait déplacé. Rien de bien méchant dans l'ensemble, d'autant qu'encore une fois les checkpoints réguliers nous autorisent à recommencer facilement sans se retrouver bloqué. Enfin, techniquement le titre connaît quelques petits freezes synonymes de micro-chargement entre deux zones importantes. Dans le même esprit, le changement de pistes audio se fait souvent de matière brute, sans fondu ni transition, quand on passe d'une ambiance à une autre. Ce n'est pas grand-chose mais sur le moment ça casse un peu l’immersion.

Avec quatre artefacts à trouver sur dix chapitres d’une durée individuelle comprise entre 30 et 45 minutes, la durée de vie totale est à la hauteur des 19,99€ réclamés pour en faire l’acquisition (et même 16,99€ pour les membres du PlayStation Plus à son lancement). Les complétistes pourront fouiner un peu partout pour découvrir des chemins alternatifs ou zones cachées débloquant généralement quelques trophées (pas de trophée platine pour cette production) pour doper un peu le temps de jeu sans le décupler non plus. Au final, Planet Alpha a beau être percutant d’un point de vue purement visuel avec une direction artistique géniale, il s'avère moins marquant dans son gameplay que ses deux sources d’inspiration citées plus haut. Il lui manque ces moments de folie, ces trouvailles qui marquent la mémoire de manière indélébile comme l'apparition de ces horribles sirènes à cheveux longs dans Inside par exemple. Un léger déficit de personnalité sans doute qui fait de lui un excellent suiveur mais pas un chef-d’œuvre absolu. On s'en contentera !

Notre verdict

On aime

  • Un monde extraterrestre splendide à découvrir
  • Un équilibre plateforme, infiltration, puzzle
  • Manipuler le soleil et voir les conséquences
  • Une bonne durée de vie
  • L’histoire mystérieuse à interpréter

On n'aime pas

  • Quelques rares soucis de visibilité
  • Des micro-freezes d’une zone à l’autre
  • L’intelligence vraiment artificielle des ennemis
  • Les musiques qui changent sans transition

Nous n’attendions pas vraiment ce Planet Alpha, raison pour laquelle il constitue l’une des plus belles surprises de l’année et sans doute le meilleur Limbo-like de la PlayStation 4 derrière les deux pépites du studio Playdead. Invitation au dépaysement et à l’exploration, cette aventure linéaire mixant plateforme, infiltration et puzzles nous transporte dans un monde extraterrestre d’une beauté à couper le souffle. Son gameplay sans grande surprise manque un peu de moments marquants – exception faite des phases de manipulation du soleil – et n’est pas exempt de défauts mais la splendeur des décors suffit à elle seule à nous motiver pour poursuivre la découverte jusqu’au générique de fin. Pour un coup d'essai, c'est encourageant.

Note finale : 7.5 / 10
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